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Plan de conservation de la dernière population de faisans sauvages d'Europe,

Phasianus c. colchicus, menacée d'extinction, Delta de Nestos, Grèce.

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Le programme de Conservation des Faisans de Colchide du delta de Nestos mis en pratique par les efforts conjugués de Komath et WPA appuyés par CWGT, vient de prendre fin. Le bilan est incontestablement très satisfaisant si l’on met en regard les objectifs fixés et les résultats obtenus.

Le premier axe de travail bien identifié avait été celui de l’amélioration de l’habitat dans les zones ouvertes du delta de Nestos pour les faisans sauvages et la biodiversité des aires protégées.

Venait ensuite l’évaluation de la prédation comme facteur limitant pour la population de faisans. La quantification de la prédation et l’identification des espèces prédatrices seront déterminantes pour les actions correctives futures.

Le comptage annuel au printemps du nombre d’appels et l’amélioration de cette technique de recensement des faisans de la zone d’étude ne sont pas à négliger car ils permettront d’améliorer le suivi des populations.

 

Enfin, il faut souligner que la sensibilisation des autorités grecques au projet de conservation des faisans de Nestos que la collaboration avec la World Pheasant Association, les conseils scientifiques et le soutien du GWCT, ont grandement favorisé les avancées.

Zone de projet dans le parc national Macédoine Occidentale 

Traces et points de comptage annuel

A- Le bilan

 

Premier point. La partie principale boisée de la zone du projet est contrôlée par le Service national des forêts (SNF), du district de Kavala, qui a reconnu officiellement le projet dès la première année, si bien que le travail de fond a pu commencer rapidement en deux axes principaux. SNF a commencé à éliminer activement les espèces d’arbres nuisibles à l’habitat du faisan : pseudo-acacia ou 'criquet noir' et peuplier, alors que Komath, sous licence de SNF, a procédé à un débroussaillage de ces zones pour ouvrir des clairières et des passages attrayants pour l’exposition et la reproduction de faisans (bonne lisière boisée) et a commencé à planter des zones défrichées avec une mosaïque d’espèces pour la nourriture et la couverture des faisans. Les travaux sur ces deux voies se sont poursuivis pendant les quatre premières années du projet. Dernièrement SNF ont continué à éliminer des peupliers tandis que Komath a consolidé la mosaïque créée dans les années précédentes. Rapidement les faisans ont été observés se déplaçant dans les zones ouvertes nouvellement créées.

 

 

SNF a utilement permis à Komath d’utiliser deux de ses pépinières, pour cultiver des graines de plantes indigènes de Nestos pour ensuite les planter dans les espaces ouverts créés, et cela pendant les quatre premières années, sur des parcelles de 18 à 20 Ha à l’est et à l’ouest du fleuve.

 

Une des premières recommandations de Roger Draycott était de regarder au-delà de la zone forestière principale gérée par SNF des terres agricoles abandonnées en bonne partie autour de la zone du projet, susceptible d’avoir un potentiel pour les faisans. Cela s’est avéré. Un habitat convenable peut être créé à faible coût et les faisans sont de plus en plus vus ici. C’est un travail en cours.

 

Deuxième point. La loi grecque est stricte et rigoureusement appliquée quant à l’interdiction de tuer des animaux sauvages dans le parc national, dont la zone du projet fait partie. Komath a donc dû se concentrer dès le début sur la collecte de preuves concrètes de la prédation. Un large éventail d’espèces de mammifères présentes dans la région est susceptible de s’attaquer aux oiseaux nicheurs au sol – sangliers, chacals, chats sauvages (et féraux), martres hêtres, ainsi que les prédateurs aviaires – corvidés, busards et grands rapaces.

 

A l’aide de caméras –don de WPA-, il a été démontré que les nids artificiels sont presque tous rapidement détériorés par les corvidés d’abord puis les sangliers et les chacals ensuite. Les nids placés pour les faisans sauvages méfiants sont certainement mieux protégés, mais cette preuve provenant des pièges à caméra est suffisamment préoccupante; la prédation semble constituer une menace pour les efforts visant à accroître, et pas seulement stabiliser, la population de Nestos.

 

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Nid artificiel / Pie

Nid artificiel / sanglier

Komath a construit un dossier avec le SNF et avec le Ministère de l’Environnement du gouvernement central à Athènes – aidé par Christos Sokos scientifique spécialiste des faisans sauvages de Nestos longtemps employé par Komath avant de rejoindre ce Ministère- qui a abouti à une première percée au cours de l’été 2022. D’une part Komath a reçu un permis officiel pour poursuivre son étude de la population de Nestos en collaboration avec WPA et GWCT pour les trois prochaines années (2023-2025) et d’autre part ce permis inclut la permission de poser des pièges pour la capture de corvidés. Il s’agit d’un grand pas en avant, dans le contexte de l’interdiction générale initiale.

 

 

Troisième point. L’évaluation de la population s’estime à partir du comptage annuel des appels des mâles au printemps selon une répartition géographique des territoires. Komath pratiquait la méthode 'Burger' avant le début du projet reconnue pour produire un chiffre pour la population totale. Elle a été jugé appropriée par Roger Draycott.

 

Il préconise également de garder les points d’appel d’une année à l’autre, par souci d’uniformité. Il y a une tension entre cela et l’inclination de KOMATH à ajuster le choix des points d’appel à mesure que le projet avance pour suivre les changements dans les endroits où les oiseaux sont observés. Des faisans se sont déplacés vers le nord de la forêt du Delta depuis six ans, et d’autres se sont répandus dans les terres agricoles abandonnées environnantes. Les archives du passé informatisées devraient permettre l’analyse temporelle et spatiale des changements démographiques. Des étudiants en maîtrise pourraient effectuer ces analyses.

 

Quatrième point. Komath a tenu une série de réunions ouvertes dans la région, auxquelles ont participé divers membres de l’association de chasseurs, scientifiques, agriculteurs, étudiants de deux universités et responsables locaux. Il y a eu des émissions à la radio locale et des présentations à des organisations internationales, plus récemment à FACE (Hunters of Europe) en Estonie. Le site Web de Komath donne une description du projet avec une reconnaissance complète accordée à WPA et GWCT. Les articles parus dans la presse britannique – The Field (deux fois), Sporting Shooter, Sporting Gun – ont été difussés en Grèce et ont eu du poids auprès du ministère de l’Environnement à Athènes. Pour l’avenir, une nouvelle brochure d’information à usage général est en préparation.

B- Aller au-delà des quatre objectifs spécifiques du projet

La gestion du projet est jugée satisfaisante dans l’ensemble. Komath n’a pas manqué de décrire son fonctionnement, énumérant toutes les personnes impliquées et leurs qualifications. Et en terme de rapport d’étude, nous avons reçu six rapports au cours des six années de vie du projet, plus ou moins un par année.

 

Quant à l’augmentation de la population, il est assez difficile d’évaluer si elle a réellement augmenté au cours de la durée de vie du projet. Le dénombrement annuel des mâles appelants – le meilleur indicateur de la population reproductrice – était de 64 et de 68 au cours des deux premières années, et il a atteint 75 et 88, puis 82 au cours des trois dernières années (après une année où les inondations ont perturbé le dénombrement). Nous devrions peut-être tenir compte de l’intensité accrue de l’observation dans la mesure où l’équipe de comptage a augmenté en nombre et en expérience, et que les inondations en deux ans ont modifié la position des points d’enregistrement. Malgré cela, la tendance semble positive.

 

Des données empiriques montrent que les oiseaux nicheurs ont réagi à l’amélioration de l’habitat. Jusqu’à présent, tout va bien.

 

En dehors de la zone du projet, des oiseaux sont observés sur les terres agricoles environnantes, que Roger Draycott considère comme un habitat propice à la reproduction. Une découverte très récente, au cours des deux dernières années, est qu’une petite population de faisans de Colchide jusqu’ici non répertoriée semble exister dans un triangle de terre isolé bien au nord du delta, à une altitude plus élevée. Ceci doit être étudié par le personnel de Komath, la consultation des locaux (la zone est peu habitée) et la comparaison d’ADN entre ces "nouveaux" oiseaux et ceux de Nestos.

 

La question des analyses ADN des faisans de Nestos reste posée quoique les avis divergent quant à leur importance. La première comparaison devrait être faite avec les oiseaux de la sous-espèce Phasianus colchicus colchicus des autres populations des pays voisins : Géorgie (E et O), Azerbaïdjan et Iran du Nord. Deux tentatives ont échoué. La meilleure option scientifique serait d’obtenir du matériel de Nestos pour le professeur Liu Yang en Chine. Il dispose de données (prises échantillons en Iran et en Azerbaïdjan) sur lesquelles les oiseaux du Nestos pourraient être comparés. Les restrictions liées à la COVID-19 sur le trafic avec la Chine ont contrecarré cette situation. Il n’a pas été donné suite à l’Université de Thessalonique, leurs tarifs étant manifestement excessifs. Le sujet reste en suspend pour le moment.

 

Komath a rapidement établi de bonnes relations avec le Service forestier de l’Etat de Kavala et mobilisé les ressources de leurs associations locales d’adhérents, notamment à Chrysoupoli, plus proche du Delta, qui ont assigné leurs gardes-chasse pour surveiller la chasse illégale (aucun détecté). Ils se sont adressés à deux universités, à Kavala et Thessoniki, ont attiré les étudiants dans l’opération annuelle de comptage des appels, et ont ouvert (mais non obtenu) des discussions sur l’utilisation d’étudiants de troisième cycle pour effectuer une analyse, que WPA/GWCT considèrent comme souhaitable, des relevés historiques de dénombrement des appels et de la prédation. Dans les deux cas, la gestion des données doit passer à un niveau supérieur. GWCT pourrait être en mesure d’offrir du financement provenant du fonds Dick Potts.

 

Plus important encore, le Komayh a établi des relations avec le Ministère national de l’Environnement à Athènes. Au début, les références de conservation de Komath étaient en doute. Ces derniers temps, les efforts ont porté leurs fruits et le Ministère a fourni une aide solide pour la délivrance d’un permis afin de poursuivre les recherches et d’entreprendre une certaine lutte contre les prédateurs. Enfin, sur le plan international, Komath collabore avec Eurosite (gestionnaires des terres de l’UE) et FACE (Chasseurs d’Europe), et a récemment présenté ce projet aux deux organismes. Il ne fait aucun doute que l’implication de WPA et GWCT dans le projet a eu un impact réel sur la crédibilité de Komath et sa capacité à obtenir le soutien des autorités en Grèce, montrant par là que la chasse et la conservation peuvent aller de pair.

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