L'élevage des coqs sauvages
Les coqs sauvages présentent les avantages des volailles domestiques, c'est à dire relativement peu d'entretien, au moins pour trois des espèces, une alimentation facile, et une résistance aux maladies assez bonne. Il s'agit donc d'espèces que l'on pourrait conseiller au débutant, le coq de Java mis à part.
Coqs rouge, de Sonnerat et de La Fayette, sont habituellement gardés en harem, avec un mâle pour deux à quatre femelles, alors que le coq de Java est, de préférence, gardé en couple ; ceci dit, nous avons pu visiter des élevages où deux poules étaient avec un seul mâle.
Les volières peuvent être de taille modeste, 10 à 15 m² pour quatre oiseaux, avec un abri destiné à les protéger des intempéries. Seuls les coqs rouges et de Sonnerat sont parfaitement rustiques et ne nécessitent pas de locaux chauffés. Par contre nous conseillons un local hors-gel pour le coq de La Fayette et un local chauffé pour le coq vert. Pour le premier les risques de gelure des pattes (extrémités des doigts) et de la crête sont importants dès que la température descend vers -5°C. Le deuxième supporte mal les hivers, surtout s'ils sont humides, et une température de 10°C est conseillée pour les garder en pleine forme.
Un élément important de la volière est le perchoir car les oiseaux y passent un certain temps, même en pleine journée, alors que les autres faisans ne se perchent généralement que le soir. Le sol doit être meuble pour leur permettre de gratter et fouiller, une de leurs activités principales, même si la nourriture leur est fournie quotidiennement, et sain, jamais détrempé.
Les écosols actuellement utilisés conviennent parfaitement aussi. Des plantations de volière ne sont pas nécessaires, les mâles de coqs sauvages étant peu agressifs envers leur femelle ; elles sont toutefois utiles si on désire pratiquer l'élevage naturel, car la poule utilisera leur couvert pour y faire son nid, une simple dépression dans le sol.
L'alimentation peut être à base de granulés du commerce mais à taux de protéines relativement élevé, 25% environ. Elle peut aussi être naturelle, les coqs sauvages étant parfaitement omnivores, à l'instar de nos poulets domestiques ; dans ce cas, elle consiste en graines (blé, brisures de maïs), verdure, fruits de saison, pâtée insectivore, insectes divers. Eviter toutefois de leur donner des coquilles d'œufs, même broyées, comme on le voit souvent dans nos campagnes, car ils prendraient rapidement l'habitude de manger leurs propres œufs. Les compléments minéraux et vitaminiques seront donc apportés sous forme de produits classiques du commerce et régulièrement.
La nidification commence dès fin mars début avril. Les poules aiment les sites en hauteur et adoptent souvent de simples cageots fixés au mur de l'abri, à 1,50 m ou 2 m de haut. Mais elles peuvent aussi, en l'absence de ceux-ci, nicher dans le coin de l'abri, au sol dans la paille, ou creuser une simple dépression dans le sol de la volière sous un arbuste.
L'incubation dure 21 jours sauf chez le coq rouge, 19-20 jours. L'hygrométrie, en incubation artificielle est voisine de 55%.
L'élevage naturel est recommandé partout où les conditions ne sont pas trop humides, les poules de coqs sauvages se montrant d'excellentes mères et le coq ne posant jamais de problème d'agressivité. Toutefois, pour le coq vert, nous conseillons l'élevage artificiel, les poussins étant beaucoup plus fragiles que ceux des autres espèces. En cas d'élevage naturel, il conviendra d'apporter, plusieurs fois par jour, une nourriture facilement assimilable par les poussins (pâtée premier âge, vers de farine, etc.) surtout si la volière est petite, sans possibilité de fournir des ressources naturelles à partir du sol (invertébrés, vers, …). L'élevage artificiel ne présente pas non plus de grands problèmes, les poussins de coqs rouges et de La Fayette étant même parmi les plus débrouillards de toutes les espèces de faisans. En revanche, les jeunes Sonnerat et surtout les jeunes coqs de Java demandent plus d'attention, l'un étant un peu timide pendant les deux ou trois premiers jours et l'autre nettement sensible à diverses maladies.
Les jeunes peuvent rester ensemble jusqu'au premier printemps suivant leur naissance mais il est conseillé de séparer les sexes, en cas de surplus d'élevage, surtout chez les coqs rouges et de La Fayette, car les jeunes mâles peuvent se battre entre eux.
D'après notre expérience, les coqs sauvages, celui de Java mis à part, sont relativement résistants aux parasites.
par Alain Hennache
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Pour en savoir plus
MONOGRAPHIE DES FAISANS