L'élevage du faisan à queue rousse
Le faisan à queue rousse n'est pas un espèce commune en captivité.
Il passe, à tort, pour une espèce fragile. Il s'est en réalité bien adapté à nos climats et ne nécessite qu'un logement hivernal faiblement chauffé (5 à 8°C).
Nous n'avons, pour notre part, jamais constaté de gel des doigts, comme chez le faisan prélat, même lors de pannes de chauffage temporaires par nuit de grand froid.
Ce sont des oiseaux peu farouches, assez familiers même, qui posent rarement des problèmes de couple. Plusieurs mâles sont toutefois connus pour avoir tué leur femelle, qui semblaient, dans tous les cas, avoir été non reproductrices. L'absence de ponte chez des femelles adultes est un problème connu pour cette espèce (Hennache 2003), sans qu'aucune explication ait pu être donnée pour l'instant. Elle pourrait toutefois, comme chez le faisan de Bulwer, être reliée à l'alimentation ou au logement adopté pour cette espèce.
Par contre, les faisans à queue rousse peuvent se montrer assez agressifs envers d'autres oiseaux partageant la même volière, surtout en période de reproduction. Ainsi, à Clères, l'un de nos couples reproducteurs a tué, en une heure, deux colombes poignardées sans qu'aucun signe préalable n'ait permis de prévenir cet accident, la femelle a pondu quelques jours après…il est donc possible que ces colombes terrestres aient empiété sur le territoire de parade du mâle ou sur le site de ponte de la femelle.
Ils ne nécessitent pas une grande surface et un couple peut se contenter de 15 m.
L'alimentation est voisine de celle distribuée au faisan prélat, assez riche en protéines (25%).
La poule pond au sol, dans un cageot ou une caisse disposée dans un coin de l'abri, ou parfois sous un buisson où elle a aménagé une cuvette peu profonde garnie sommairement de quelques matériaux, feuilles, brindilles.
La ponte débute fin avril et peut se poursuivre jusqu'en juillet en cas de retrait des œufs. La femelle peut alors effectuer trois pontes successives, de volume décroissant. La première et la deuxième ponte comptent ordinairement de quatre à six œufs, la troisième étant moins élevée avec deux ou trois œufs.
Nous n'avons jamais laissé la femelle couver ses œufs en raison de la rareté de l'espèce en captivité et tous les éleveurs de cette espèce que nous avons rencontrés (et produisant des jeunes) opèrent aussi par méthodes artificielles. L'incubation est de 24 à 25 jours à une température de 37°8 pour une hygrométrie de 60%.
Les poussins sont assez forts, comparativement à ceux des autres espèces du genre Lophura, à l'exception de ceux du Salvadori, et assez débrouillards, plus proches de ceux du Swinhoe ou des argentés que de ceux du prélat. Ils mangent seuls rapidement, picorant les miettes de nourriture sur le sol de la cage d'élevage. Leur alimentation est classique mais nous leur ajoutons des vers de farine pour augmenter la teneur en protéines.
Pour notre part nous n'avons jamais rencontré de problèmes particuliers dans l'élevage des poussins de cette espèce, à condition de maintenir la cage d'élevage extrêmement propre et de changer l'eau de boisson régulièrement, à moins de disposer d'un système de distribution d'eau automatique.
Les faisandeaux sont sociables et nous avons pu les élever en groupe avec ceux d'autres espèces, sans constater d'agressivité particulière. Ils ne sont par contre pas timides et savent se faire respecter.
Le faisan à queue rousse est une espèce attachante, familière, rappelant parfois, pour l'élevage, les tragopans (si ce n'est le caractère de certains mâles). On l'a souvent considéré comme une espèce fragile mais, d'après notre expérience, elle l'est nettement moins que les faisans nobles ou prélats.
par Alain Hennache
reproduction partielle ou totale interdite sans autorisation de l'auteur
Pour en savoir plus
MONOGRAPHIE DES FAISANS